Qu’est ce que c’est ?
Le ratio de solvabilité permet de vérifier qu’en cas de baisse de valeur des actifs, une entreprise sera toujours en mesure de rembourser ses dettes. En effet, pour être considérée comme solvable il faut que le total de ses actifs soit supérieur à ses dettes, pour pouvoir rembourser ses créanciers en vendant tous ses actifs en cas de problème.
Pour que ses dettes ne soient pas trop importantes, il faut que l’entreprise utilise des capitaux propres pour financer ses actifs. C’est pourquoi le ratio de solvabilité se calcule comme le rapport entre le capital et la valeur des actifs:
Capital / Total Actifs
Ainsi plus il est élevé, moins le risque de défaut comptable de l’entreprise est important.

Comment cela s’applique au banque ?
Ici nous sommes dans une situation un peu particulière car nous parlons des banques privées. Leurs dettes peuvent donc être composées de prêts envers d’autre banques (en monnaie réserve) ou des dépôts de ses clients.
Pour éviter les crises comme celle due à la faillite de Leman Brothers, ce ratio est aujourd’hui encadré. C’est la législation européenne qui fixe un taux minimum pour les banques de l’UE.
Mais ce taux est très important pour les banques. Il leur permet d’actionner l’effet de levier. Plus il est bas, plus l’effet sera important. N’hésite pas à retourner voir la publication à ce sujet pour mieux comprendre.
Dans un rapport paru en Juin 2020, Finance Watch propose d’imposer des ratios de solvabilité différents en fonction de l’impact environnemental du projet financé. L’effet de levier en sera donc impacté, et l’attractivité de ces projets amoindrie. Et cela est légitime ! Rappelle-toi, le taux de solvabilité est là pour éviter que les banques prennent trop de risques, or sur le long terme, investir dans des projets qui ne respectent pas l’objectif des 2°C peut tout à fait être perçu comme un risque (climatique) important.
Exemple du pouvoir que peut avoir le ratio de solvabilité
Une banque (ou un fonds d’investissement) A, a le choix entre 3 projets à financer. Tous ces projets requièrent 1 000 000€ pour être réalisés et rapporteront un revenu constant pour les 10 prochaines années. Voici les caractéristiques des différents projets.
Description | Rendement | |
Projet 1 | Installation d’une centrale à charbon | 5% |
Projet 2 | Modernisation d’une usine pour la rendre moins polluante | 4% |
Projet 3 | Création d’un parc éolien | 4% |
Nous allons maintenant étudier 2 scénarios, le premier correspond à la situation actuelle, c’est-à-dire avec un seul ratio de solvabilité global et l’autre se place dans l’hypothèse de l’instauration de ratios de solvabilité différents en fonction de critère environnementaux.
Situation 1 :
Dans ce scénario le ratio de solvabilité est le même pour tous, fixons-le alors à 10,5% (c’est le taux minimum imposé par la réglementation Bâle III). Calculons alors le rendement réel de chaque projet.
Rendement brut (€) | Capital engagé (€) | Rendement réel | |
Projet 1 | 5% * 1 000 000 = 50 000 | 10,5% * 1 000 000 = 105 000 | 50 000 / 105 000 = 47,6% |
Projet 2 | 4% * 1 000 000 = 40 000 | 10,5% * 1 000 000 = 105 000 | 40 000 / 105 000 = 38,1% |
Projet 3 | 4% * 1 000 000 = 40 000 | 10,5% * 1 000 000 = 105 000 | 40 000 / 105 000 = 38,1% |
Il apparait donc que le projet 1 est plus intéressant que les autres avec sont rendement réel de plus de 47%. Comme l’effet de levier est le même pour tous les projets, c’était prévisible, vu qu’il a le rendement de départ le plus important.
Situation 2 :
Maintenant établissons une liste de ratios de solvabilité en fonction des projets :
- Pour un nouveau projet « brun » (charbon, pétrole …), le ratio de solvabilité est fixé à 20%
- Pour l’aménagement d’un projet « brun », le rendant moins polluant mais toujours pas « vert » le ratio de solvabilité est fixé à 15%.
- Pour un nouveau projet « vert », le ratio de solvabilité reste à 10,5%.
Calculons de nouveau le rendement réel de chaque projet avec ces nouveaux ratios de solvabilité :
Rendement brut (€) | Capital engagé (€) | Rendement réel | |
Projet 1 | 5% * 1 000 000 = 50 000 | 20% * 1 000 000 = 200 000 | 50 000 / 200 000 = 25,0% |
Projet 2 | 4% * 1 000 000 = 40 000 | 15% * 1 000 000 = 150 000 | 40 000 / 150 000 = 26,7% |
Projet 3 | 4% * 1 000 000 = 40 000 | 10,5% * 1 000 000 = 105 000 | 40 000 / 105 000 = 38,1% |
Dans ce nouveau scénario qui prend en compte le risque climatique associé à l’investissement dans des projets non alignés avec les objectifs de l’accord de Paris, c’est le projet 3 qui devient le plus intéressant financièrement.
On remarque même, qu’avec un rendement annoncé plus important, le projet le plus polluant, à cause d’un effet de levier bien plus faible, est finalement moins intéressant pour les investisseurs.