La crise sanitaire et économique causées par la Covid-19 a accéléré la prise de conscience écologique, et les valeurs du respect de la nature ont regagné du terrain. Alors que de plus en plus de Français s’intéressent à des produits financiers socialement responsables et respectueux de la planète, certains peuvent se sentir perdus dans les multitudes de terminologies existantes. L’objectif de cet article est de faire le point sur la finance durable et ses différentes composantes.
Le concept de la finance durable reste assez vague de nos jours, il n’existe pas de définition officielle et le cadre réglementaire n’est toujours pas assez développé. On peut la voir comme une extension de la finance classique cherchant à concilier rentabilité et impact social et environnemental positif. Pour la Commission européenne, qui a adopté en 2018 un Plan d’action pour financer la finance durable, celle-ci désigne généralement « le processus consistant à tenir dûment compte des considérations environnementales et sociales dans la prise de décisions d’investissement, ce qui se traduit par une hausse des investissements dans des activités à plus long terme et durables ». Que l’on veuille adopter cette définition ou une autre, l’ensemble des mécanismes de financement d’une économie plus durable doivent être alignés avec l’accord de Paris sur le climat et les lois qui en découlent à l’échelle française et des pays signataires, mais aussi avec le Green Deal (Pacte Vert pour l’Europe) à l’échelle européenne et avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par les Nations Unies en septembre 2015 au niveau mondial.
L’accord de Paris constitue une réponse forte à l’urgence climatique et unifie plusieurs pays autour d’une cause commune. L’objectif majeur de cet accord est de lutter contre le changement climatique en maintenant l’augmentation de la température moyenne de la planète en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les actions menées afin de limiter l’élévation de la température à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. L’accord fait aussi référence au désinvestissement des énergies fossiles rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre (GES) et résilient aux changements climatiques. Atteindre ces niveaux de températures pour un horizon 2100 semble très ambitieux, compte tenu des émissions CO2 accumulées. Sachant que si rien n’est fait aujourd’hui la température moyenne mondiale montera jusqu’à̀ +8° selon les scenarios retenus : +4° si les réductions restent insuffisantes, +6° si on maintient le rythme actuel des émissions, +8° si la tendance accélère. Ainsi pour atteindre les 2°C, l’Agence Internationale de l’Energie estime qu’en 2100 la production mondiale d’électricité́ devra être 100% décarbonée. Le consultant français Carbone 4, spécialisé dans les mesures d’émissions de CO2 estime que les français devront réduire leurs émissions de 80% d’ici 2050, dont 25% en tant qu’individu dans leurs gestes quotidiens de consommation et 75% au titre de l’engagement collectif via l’Etat et les entreprises. Il en résulte que l’impact individuel n’est pas négligeable, sans pour autant être suffisant. Vient ensuite la Loi de Transition Energétique pour la croissance verte, aussi connue sous TEE, expression qui revient souvent dans le monde de la finance, fixant à la France des objectifs chiffrés et des moyens d’action pour mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat.
Quant aux Objectifs de Développement Durable (ODD), ils définissent 17 priorités pour un développement socialement équitable, sûr d’un point de vue environnemental, économiquement prospère, inclusif et prévisible à horizon 2030. Ils ont été adoptés en septembre 2015 par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030. Ils répondent non seulement aux enjeux climatiques, mais aussi à la globalité des défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, à la prospérité, à la paix et à la justice sociale.
Ainsi, l’objectif de la finance durable est de prendre en considération tous ces éléments dans l’allocation d’actifs, le financement et l’investissement. Afin d’atteindre ces objectifs, la finance durable aura recours à différents instruments financiers comme les actions, la dette, les fonds thématiques ou les trackers… Bien que l’on parle souvent d’ISR (Investissement socialement responsable) ou des critères ESG (environnementaux, sociaux et gouvernance), la finance durable peut prendre plusieurs formes (Suite de l’article…).